Camps 2 Cities Project

Le paradoxe de l’absence d’un Etat répressif

A ma gauche, une toile de tente gigantesque entourée de grillages, et gardée par quelques fourgons de CRS qui regardent patiemment la file d’attente s’allonger de quelques mètres, où femmes et hommes, le regard vide espèrent trouver une place, au moins pour la nuit. La bulle. Rien que le nom suffit pour faire comprendre que cet espace clos n’accueillera pas tout le monde.

A ma droite, une centaine de personnes, majoritairement des hommes jeunes, se regroupent autour d’une table pour consommer un café, et quelques tartines. En face, des bénévoles, encore plus jeunes, presque tou.te.s blanc.hes s’affairent, courent pour organiser la distribution et les appels démultipliés pour le 115. La nuit sera longue.

Devant moi, des voitures viennent ici et là pour déposer vêtements, nourritures et kits d’hygiène. Des habitant.es du quartier venu.es aider. Des sourires, des langues étrangères parlées. Un bref souffle de repos parmi les heures d’inactivité et d’attente interminables pour les quelques milliers de personnes qui vivent à la rue. A chacun son histoire, à chacun ses douleurs, à chacun son avenir. Certains les partagent, d’autres non. La tendance est à l’anonymat. Les bénévoles se succèdent, le mot circule, plus de personnes arrivent, et moins de places d’accueil seront prévus.

 

Mais on oublierait presque le reste de notre vie avec l’adrénaline que procure l’impuissance d’action face à des personnes dont la situation psycho-sociale dépasse l’entendement humain. Et parmi ce reste, vient la politique. Une loi. Asile et Immigration nous dit-on. Deux mots, qui, associés deviennent polémiques. Le sujet est brûlant. Les médias ne laissent que peu d’autres choix que d’accepter une vérité créée de toute pièce. L’Europe est en crise migratoire, submergée, débordée par les filières de passeurs, infiltrée massivement par la Grèce, l’Italie et l’Espagne. 73 000 personnes cette année ? La Hongrie se barricade, la Slovénie durcit le ton sur fond de xénophobie, l’Autriche ne cesse de promettre l’inhospitalité, et l’Italie aujourd’hui s’engouffre dans le rejet de l’autre.

Alors que faire ? Notre gouvernement ne semble décidemment pas apprécier les services publics mais rêve plutôt d’ « harmonisation » européenne. Plus de centre de rétention administratifs, d’OQTF, des arrestations décontrôlées, plus qu’une langue pour se défendre, des webcams pour les audiences, les mineurs en prison, la précipitation de la justice et nous voila nous aussi, bénévoles, criminels face à l’assistance à personne en danger. La mobilisation monte. Tous en grève : les stagiaires sur diplômés, les emplois aidés récemment au chômage et les futurs obligés au bénévolat touchant le RSA.

Just one last question. Who are we not talking about among migrants? The 26 million domestic workers in Europe, for example. Filipinos, Senegalese, Brazilians … Confiscated passports, no unions, no free time, and 9 square meters to capture the Skype connection with their children left behind. Economic migration would only make sense when it returns to the state?

Charly Guerin is the Women’s Rights Campaign Coordinator at ActionAid France, and a research collaborator on the British Academy’s project ‘Temporary Migrants or New European Citizens’: Geographies of Integration and Response between’ Camps’ and the City ‘(along with the editors of this zine). He was previously the campaign coordinator against slum evictions in France with Medecins du Monde.

Share